L'employeur ne peut licencier un salarié en se substituant ainsi à une décision judiciaire sur la rupture
Date de publication :
08/12/2013Cour de cassation - chambre sociale -9 octobre 2013
Dans les circonstances de l'espèce, un salarié précaire d'une société de production télévisuelle était en conflit afin d'obtenir la requalification de son statut précaire en contrat à durée indéterminée.
Suivant une jurisprudence de plus en plus constante, les juridictions du fond avaient fait droit à la demande de requalification au motif que le poste de régisseur occupé depuis plusieurs années constituait un poste permanent de la société de production.
Le jugement de première instance avait ainsi prononcé la requalification des contrats en CDI mais ne s'était pas prononcé sur la rupture ou la poursuite du contrat. Tout en faisant appel, le salarié souhaitait reprendre le travail mais les parties ne s'entendaient pas sur le salaire et le temps de travail du contrat qui devait se poursuivre, s'échangeant des projets de contrats contradictoires.
L'employeur avait fini par licencier le salarié, alors que l'appel était en cours, au motif qu'il ne voulait pas reprendre le travail aux conditions prévues par le jugement du Conseil.
La Cour d'appel n'avait rien trouvé à redire à l'attitude de l'employeur.
La Cour de cassation n'entend pas les choses de cette oreilles et reproche à la Cour d'appel de n'avoir pas vu dans l'attitude de l'employeur une atteinte au principe de l'égalité des armes tiré du droit à procès équitable prévu par les dispositions de l'article 6-1 de la convention européenne des droits de l'homme.
La Cour considère ainsi que l'employeur avait utilisé son pouvoir de licencier afin d'imposer au salarié sa propre solution dans le litige qui les opposait relativement à l'exécution du jugement du conseil de prud'hommes du 21 juillet 2011 sans attendre l'arrêt d'appel.
Ainsi il est donné une portée particulièrement large aux dispositions de la convention européenne des droits de l'homme, semblant ainsi interdire, en cas de saisine d'une juridiction sur l'appréciation d'une situation que l'employeur impose unilatéralement sa solution et prononce le licenciement.
Il sera intéressant de voir jusqu'où les juridictions du fonds appliqueront une telle solution.