Licenciement après autorisation de l'inspecteur du travail : précision sur la séparation des pouvoirs du juge judiciaire et du juge administratif
Date de publication :
02/08/2010Cour de cassation - chambre sociale - 12 juillet 2010
Cour de cassation - chambre sociale - 26 octobre 2010
Ces deux arrêts illustrent les difficultés nées du régime d'autorisation administrative de licenciement des salariés protégés.
Dans l'arrêt du 26 octobre 2010, la Cour de cassation rappelle qu'il est interdit au juge judiciaire de remettre en cause les décisions administratives dont le contrôle de légalité revient aux tribunaux administratifs.
Le salarié ne peut donc contester devant le Conseil des Prudhommes ni le motif de son licenciement, ni même l'obligation de reclassement de l'employeur en cas d'autorisation du licenciement non contestée devant le Tribunal administratif.
La Cour de cassation laisse cependant ouverte la possibilité de critiquer les critères déterminant l'ordre des licenciements.
L'arrêt du 12 juillet 2010 aborde le cas où le licenciement résulte d'une autorisation administrative concluant que "l'inaptitude non contestée à ce jour résulte d'une dégradation de l'état de santé du salarié, générée par le comportement hostile de la direction, induit par le refus de l'existence d'une représentation du personnel et en particulier d'une représentation syndicale ... , cette hostilité à caractère discriminatoire s'est manifestée dès les premières démarches effectuées par l'intéressé en vue de doter l'entreprise d'institutions représentatives".
Le licenciement est ainsi autorisé mais il apparait cependant que l'inaptitude a été causé par une attitude discriminatoire parfaitement critiquable de l'employeur.
La Cour d'appel avait considéré le salarié irrecevable à critiquer le licenciement faute d'avoir attaqué l'autorisation administrative.
La Cour de cassation rappelle à la Cour qu'il lui revient en cas de doute sur la légalité de la décision de saisir le Tribunal Administratif d'une question préjudicielle en ce sens.
On pouvait en effet légitimement se poser la question de la légalité d'une décision autorisant le licenciement au motif que l'inaptitude résulte du harcèlement ou de la discrimination syndicale, motif dont précisément, l'inspecteur du travail doit s'assurer de l'absence.